2008
L’œil est noir, vif, ombré.
Si rare.
Si particulier.
Il voit comme personne ne voit.
Il donne à voir ce que chacun voudra.
Il transcende la matière.
Sublime la lumière.
Croit-on qu’il capte de l’or en fusion,
il saisit des œufs de saumon.
Pense-t-on à des flots d’encre,
à des voiles orientaux,
à des vitraux délicats,
à de lourds velours,
à d’aériennes dentelles,
il dévoile la chair de l’aubergine,
cisèle la tendresse du concombre,
pénètre la fibre du navet,
étire celle de la carotte,
révèle l’intimité de la figue,
les replis du poireau.
Et là, des éventails ? Des étoffes plissées ? Des coups de pinceaux ?
Non, des nageoires de fogu.
Des ailes, comme elle dit.
Que croire ?
L’œil de Mathilde ? Le nôtre ?
Le jeu commence.
Catherine Roig